Quel est l’avenir de la vidéo et de la photo traditionnelles ?

avenir de la vidéo et de la photo traditionnelles

Si nous avions coutume de dire autrefois qu’une photo vaut mille mots, quelle est la valeur d’une photo aujourd’hui dans un monde saturé d’images ? Les progrès des téléphones portables permettent à tous de produire des photos de qualité correcte instantanément.
La pratique de la photo ou la vidéo est tellement automatique que les téléphones sont surchargés et qu’il est souvent difficile de retrouver l’image ou la vidéo qu’on veut montrer à ses amis.
Doit-on tout conserver ? Certainement pas, alors pourquoi la majorité des gens ne le font-ils pas ?

Une boulimie d’images, au détriment du texte… ?

Est-ce la facilité à conserver les images en grand nombre qui fait qu’on n’ose rien jeter ?
Est-ce une habitude prise à l’époque ou la photo était sur papier et plus difficile à produire
et qu’on avait à cœur de tout garder ou bien serait-ce une façon de prendre la main sur les autres, les objets qui nous entourent comme une tentative dérisoire de dominer et de comprendre le monde avec quelques parcelles de souvenirs. Avons-nous besoin de tant d’images pour nous souvenir des meilleurs moments de notre vie, avons-nous besoin de preuves constantes pour se rappeler précisément ce qu’on a vécu ? On sait que la mémoire recrée notre passé, le remodèle constamment. Faites l’expérience d’enregistrer une conversation et de demander aux participants, 30 min plus tard, de répéter ce qu’ils ont dit. Il y a déjà au moins 30 % des mots qui ont été oubliées.10 jours plus tard, c’est bien pire.
Les souvenirs sont constamment remodelés, recréés. Croit-on que la photo et la vidéo vont nous permettre de revivre ces instants passés exactement comme nous les avons vécus ? Ce sont seulement des points de repère, des fragments de vie dont l’interprétation dépendra de ce que la mémoire aura bien voulu restituer comme émotions. Nous sommes face à un dilemme face à cette accumulation mémorielle… Nous n’avons pas les capacités de tout gérer. Autrefois la photo et la vidéo étaient plus difficiles à produire, en moindre volume et leur gestion était à la mesure de l’homme.
Aujourd’hui, seule la machine peut absorber une telle masse d’informations, mais voulons nous être toujours assujettis à la technologie. Nous devrons apprendre à la machine à indexer, trier ou stocker selon nos propres références, nos propres valeurs. C’est possible, cela peut même se faire de manière aléatoire, mais est-ce souhaitable ?
Ne serait-il pas plus normal d’apprendre à éliminer ce que nous n’avons pas envie de revoir ?
Cette boulimie de la conservation favorisée par la technique nous fait oublier la différence entre le quantitatif et le qualitatif, entre le laid et le beau, entre l’insignifiant et l’exceptionnel, entre l’indifférence et l’émotion, entre la médiocrité et la perfection !
Je sais ce que vous allez dire qu’une image insignifiante et médiocre peut créer de l’émotion et vous aurez raison, c’est pourquoi, il faut faire soi-même une sélection de ses propres images pour être en adéquation avec notre personnalité.
Si on poursuit notre analyse sur le stockage pléthorique des images, on ne peut s’empêcher de penser que cette fascination pour lesdites images nous éloigne du texte et son corollaire, du langage. La photo et la vidéo transmettent des émotions, mais elles ne sont pas toujours suffisantes, elles sont tellement attractives qu’elles peuvent nous faire oublier que nous avons aussi besoin de l’écriture et du langage pour comprendre le monde, développer et affiner notre réflexion, voire nos sentiments. À force de se perdre souvent dans la contemplation des images, on oublie qu’il y a non seulement le langage parlé pour communiquer, mais aussi le toucher, l’attitude corporelle, le regard, l’écoute pour échanger avec ses semblables.
Si une photo vaut mille mots, elle ne vaut pas tous les mots !

Apprendre à lire les images, une éducation indispensable

Si on se rend compte que la consommation des images nous détourne du texte et du langage et en conséquence de la lecture, c’est tout un pan de notre relation au monde qui nous manque. Les mots structurent notre pensée, ils nous permettent de décrire le monde, mais aussi nos sentiments, nos désirs, mais aussi transmettre nos connaissances.
Ils constituent la passerelle entre nous et les autres et sont donc le fondement de la vie sociale. Une institutrice constatait récemment que certains enfants venant en maternelle n’arrivaient pas à s’exprimer alors que d’autres avaient déjà un bagage de mille mots. En faisant une petite enquête, elle s’est rendu compte que ceux qui ne possédaient pas le langage avaient, tout petits, passé de longues heures devant les écrans. N’est-ce pas la preuve que si les images peuvent apporter une information ou servir de support éducatif, elles ne peuvent, en aucun cas, se substituer au langage.
On constate d’ailleurs que la consommation excessive d’images peut conduire à une perte d’attention et une difficulté à se concentrer devant un flot d’informations excessif que le cerveau a du mal à analyser, ce qui conduit souvent à une interprétation déformée de la réalité et une sensibilité non contrôlée aux ‘’ fake news ’’.
Devant cet afflux d’images, il y a donc bien un risque d’épuisement et d’affaiblissement de son esprit critique.
Une image ne se suffit pas toujours à elle-même (mis à part l’expression artistique) et elle doit être le plus souvent commentée, expliquée, re-située dans son contexte faute d’entrainer des interprétations simplistes ou déformées.

Alors quel avenir pour la photo et la vidéo ?

Pour garder des souvenirs familiaux, je recommanderais, pour ne pas être envahi de dossiers monumentaux, d’effectuer une sélection pas obligatoirement qualitative, mais portant sur ce qui nous a émus. Le critère étant ‘’ aurais-je envie de revoir ces images dans 1 an ou dans 10 ans ? ’’ Si la réponse est négative, il faut éliminer. Ce qui ne nous plait pas maintenant a peu de chances de nous émouvoir plus tard et de toute façon au train ou vont les choses, nous aurons déjà tant accumulé, même après sélection, que nous aurons des souvenirs pour plusieurs vies ? Cette manière de procéder nous permet de ne pas être inféodé à la toute puissance de la technique et de garder notre libre arbitre.
Sur le plan professionnel, cette nécessité de sélection prend tout son sens, car les photos et vidéos sont souvent l’image la plus visible de l’entreprise et pour qu’elle soit pertinente et efficace, il faut qu’elle soit évidente et soigneusement sélectionnée. Ce sont les cas dans la vidéo pitch où les mots à l’instar des images doivent être soigneusement travaillés et sélectionnés. Dans les publicités ou dans les vidéos corporate, le slogan ou les textes de présentation doivent respecter les mêmes contraintes.
En fait, plus les images nous inondent et nous submergent, plus nous devrons contrôler leur flux et leur sens avec ce privilège de la pensée qui permet la communication la plus riche et crée du lien entre les hommes ?
L’avenir de la photo et de la vidéo seront totalement conditionnés par le regard et la réflexion de l’homme. Pensons les prouesses technologiques comme un progrès que nous devons utiliser mes aussi maitriser !

 

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